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Neutralité carbone des entreprises

Google se dit neutre en carbone depuis 2007, Amazon a pour ambition de l’être d’ici 2040 et fait déjà des publicités sur la livraison du dernier kilomètre en vélo et Facebook se prétend l’être depuis 2017.

Les GAFAM sont accusées de polluer, que ce soit à cause du transport de toutes les données, l’extraction de matières rares utilisées pour fabriquer les serveurs, leur matériel et ainsi de suite, la “neutralité carbone” de ces entreprises est régulièrement remise en question.

Depuis quelques années, les termes de “neutralité carbone” reviennent de plus en plus souvent. Et face aux enjeux écologiques et sociaux, on peut comprendre pourquoi. Derrière cette question de neutralité et d’équilibre entre les émissions émises et celles absorbées se cache l’ambition de s’engager sur les questions environnementales.

Mais est-ce vraiment pertinent de se promouvoir neutre en carbone lorsqu’on est une entreprise ? Quelles sont les actions à mettre en place pour réduire son empreinte carbone ? WeeeDoIT vous accompagne pour questionner la pertinence de la neutralité carbone et le défi de s’engager dans cette direction.

 

Comprendre la neutralité carbone

Les termes de neutralité carbone sont aujourd’hui repris massivement par certaines entreprises dans une démarche de greenwashing et d’implication environnementale pas toujours très poussée.

 

Définition

Avant toute chose, voici comment définir la neutralité carbone : c’est l’équilibre entre les émissions de carbone et l’absorption de carbone qui est dans l’atmosphère. Comment faire cela ? Avec des puits de carbone qui viennent séquestrer ces émissions de CO2.

Attention, les termes de neutralité carbone ne sont pas pertinents aux yeux de tout le monde, nous en parlerons plus tard.

Mais en attendant, on constate que la supposée neutralité carbone est atteignable grâce à deux actions concrètes :

  • la réduction des émissions de CO2 d’origine fossile et résultant de la déforestation ;
  • la création de puits carbone grâce à l’afforestation, la reforestation, certaines techniques agricoles et en dernier recours, des solutions technologiques.

Certaines entreprises se revendiquent neutre en carbone grâce à la création de puits de capture carbone qu’elles financent pour planter des arbres. C’est ce que l’on appelle la compensation carbone, mais cette dernière est rapidement une limite à des actions concrètes, engagées et responsabilisantes.

La compensation carbone flirte régulièrement avec le greenwashing même si elle tente de s’inscrire dans le vœu de réduction des émissions souhaité par les accords de Paris et le rapport du GIEC.

 

L’ accord de Paris et le rapport du GIEC

Si l’on parle de plus en plus de neutralité carbone, c’est en partie grâce à l’accord de Paris qui date de 2015. L’enjeu pour lutter contre le réchauffement climatique est de garder l’augmentation inéluctable de la température mondiale en dessous des 1,5° par rapport à l’ère préindustrielle.

Pour cela, il faut réduire les émissions de gaz à effet de serre, et donc de CO2, mondiales. Cet objectif des 1,5° est aujourd’hui presque hors de portée tant les émissions carbone continuent d’augmenter et les mesures pour les réduire sont encore trop peu nombreuses et non respectées.

Pour atteindre l’objectif de l’accord de Paris, il faudrait diviser par 2 les émissions de gaz à effet de serre entre aujourd’hui et 2030 et atteindre zéro émissions nettes de C02 à l’échelle internationale pour 2050.

Le rapport du GIEC est encore plus clair : il faut drastiquement réduire ses émissions d’ici 2025 si l’on veut rester sous la barre des 2°. Ce Groupement Intergouvernemental sur l’Étude du Climat (278 scientifiques du monde entier) vient de publier le troisième volet de son rapport qui concerne les solutions pour atténuer les émissions de gaz à effet de serre. (lire l’excellent résumé de Bon pote)

 

Un ballon gonflable qui représente la Terre est posé sur l’herbe

 

Pourquoi il ne faut plus parler de neutralité carbone

Carbone 4 est très clair : cela n’a pas de sens pour les organismes et les entreprises de se dire “neutres en carbone”. Pourquoi ?

Tout simplement parce que c’est une notion assez floue qui ne peut être appliquée de manière rigoureuse :

  • quel périmètre des émissions d’un organisme est pris en compte ?
  • les entreprises n’ont pas d’obligation de suivre la trajectoire préconisée par l’Accord de Paris pour se dire neutre en carbone.
  • la neutralité mise en avant par les entreprises consiste à financer des projets de compensation (plantation d’arbres, utilisation d’énergies renouvelables …) sans forcément tendre vers une réduction de leurs émissions en premier lieu.

Carbone4 explique que la neutralité carbone n’a de sens qu’à l’échelle mondiale car il s’agit de trouver l’équilibre entre les émissions de CO2 anthropiques et les absorptions de CO2 anthropiques. Retirer chaque année autant de CO2 que celui émis dans l’atmosphère reste la seule solution pour stabiliser les températures.

Cette appellation de neutralité carbone, ou de “zéro émissions nettes” n’est pas pertinente pour un organisme, une entreprise car la dénomination ne répond pas à des critères précis, mesurables, contrôlés.

Par exemple, les émissions du Scope 3, qui concentrent toutes celles qui émettent directement des GES ou qui sont liées à l’énergie, ne sont pas prises en compte alors qu’elles représentent la majorité de l’empreinte carbone d’un organisme.

Carbone4, avec son projet Net Zero Initiative lancé en 2018, recommande aux entreprises de parler de contribution à la neutralité planétaire plutôt que de neutralité carbone.

 

La compensation carbone

Dès qu’on parle de neutralité carbone, le sujet de la compensation carbone est abordé. Tout simplement car elle est présentée comme étant la meilleure solution pour limiter son impact et trouver ce fameux point d’équilibre.

 

Encore du greenwashing ?

La compensation carbone, c’est l’action de financer des projets qui visent à créer les fameux puits de captation carbone pour réduire les émissions que l’entreprise produit.

Ce n’est pas une mauvaise idée pour les émissions CO2 inévitables, aussi appelées “incompressibles”. Mais ce n’est pas la première étape à mettre en place pour chercher à réduire son impact.

Prendre l’avion mais planter des arbres derrière ou encore multiplier les achats de produits neufs et polluants mais financer des projets de reforestation ne sont pas des solutions pour lutter contre le réchauffement climatique.

Compenser ne fait pas disparaître les impacts négatifs.

La compensation carbone peut même mener à d’autres problématiques :

  • les terres occupées pour la plantation d’arbres ne peuvent être utilisées pour d’autres fonctions (agriculture, population autochtone…) ;
  • face aux incendies, les arbres tout juste plantés n’ont pas eu le temps de compenser les émissions de CO2 s’ils sont brûlés ;
  • cela prend beaucoup de temps avant qu’un arbre compense des émissions de CO2.

Bien évidemment, il ne faut pas choisir entre réduire ses émissions ou les compenser, c’est la combinaison des deux qui est vraiment pertinente pour faire baisser ses émissions de gaz à effet de serre.

 

Deux paires de main sont en train de tracer une ligne dans l’herbe pour savoir où planter des arbres.

 

Et les entreprises du numérique là-dedans ?

Si l’on parle des entreprises spécialisées dans le numérique, telles que Google, Apple, Facebook ou encore Microsoft c’est parce qu’elles cherchent toutes à tendre vers une neutralité carbone. Comme de nombreuses entreprises hors numérique.

Ces dernières nous intéressent car elles véhiculent l’idée que le numérique étant immatériel il est donc sans impact. Ce qui est totalement faux.

Entre l’extraction des matériaux rares pour la fabrication des terminaux informatiques, l’utilisation de ressources comme l’eau ou l’énergie pour les faire fonctionner ou encore la fin de vie des appareils et le manque de recyclage, l’impact du secteur numérique est grand.

Il est d’autant plus important de faire attention aux actions mises en œuvre lorsqu’une entreprise du secteur se dit neutre en carbone.

Est-ce qu’elle privilégie du matériel reconditionné pour s’inscrire dans une démarche d’économie circulaire ?

Est-ce qu’elle éco-conçoit certains de ses produits et services ?

Est-ce qu’elle cherche à réduire les émissions qui peuvent l’être avant de financer des projets de compensation carbone ?

 

3 solutions possibles pour réduire l’empreinte carbone de son entreprise

Vous l’aurez compris, afin de contribuer à la neutralité planétaire en réduisant ses émissions de gaz à effet de serre, il ne suffit pas de compenser en plantant des arbres.

Voici 3 actions concrètes à mettre en place dans votre entreprise pour tendre vers les objectifs exprimés et expliqués dans le dernier rapport du GIEC.

 

1. Faire un bilan carbone en prenant en compte le Scope 3

Il est important de faire un bilan carbone pour mesurer les émissions GES de son entreprise. C’est la première étape pour mettre en place une stratégie de réduction par la suite.

Mais attention, le Bilan Carbone© développé par l’ADEME prend comme périmètre de calcul les Scopes 1 et 2.

Le Scope 3 qui concentre une grosse partie des émissions indirectes n’est pas obligatoirement compté. Cela concerne :

  • les émissions qui se font en amont de la production ;
  • les émissions qui se font en aval.

Il se compose de 16 sous-catégories parmi les 22 mesurées par le Bilan Carbone©, preuve que ce dernier ne va pas assez loin dans sa précision.

Prendre en compte le Scope 3 pour mesurer votre empreinte carbone atteste d’un engagement ambitieux qui s’inscrit dans une vraie démarche d’amélioration continue et de transparence.

 

2. Faire les ajustements nécessaires

Une fois votre empreinte mesurée, il est important de mettre en place les actions nécessaires pour réduire votre impact. C’est la première chose à faire avant de vouloir compenser.

Des choses très simples peuvent être mises en place :

  • changez de fournisseur d’électricité pour opter pour un organisme qui utilise des énergies renouvelables ;
  • éco-concevez certains produits ou services ;
  • cherchez à valoriser vos déchets en les injectant dans une économie circulaire ;
  • optez pour des fournisseurs qui ont moins d’impact grâce à différents choix qu’ils ont pu faire (moyen de transport, matériaux privilégiés …).

Cette liste n’est pas exhaustive et les actions à déployer dépendent grandement de l’endroit où vous en êtes dans votre réflexion.

 

 

: Une poubelle noire remplie de cartons qui débordent et de déchets en tout genre est posée contre un mur blanc.

 

 

3. Repenser son mode de consommation

Le rapport du GIEC est formel, il est important de questionner et changer nos modes de consommation pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Repenser son mode de consommation en entreprise peut passer par différentes choses.

Cela peut concerner son modèle économique : est-ce possible de s’inscrire dans un schéma plus circulaire ?

Ou bien se rapporter à vos salariés : est-ce qu’ils peuvent venir au travail grâce à une mobilité douce (vélo, transports en commun…) ? Ont-ils la possibilité de faire du télétravail et donc réduire leurs déplacements ? Les questions sont nombreuses.

Mais cela peut aussi toucher ses équipements informatiques :

  • sont-ils reconditionnés ou de 2nde main ?
  • est-ce que leur utilisation est allongée au maximum ?
  • renouvelez-vous votre parc IT par nécessité ou par obsolescence psychologique ?

Les mécanismes à questionner sont nombreux pour sortir de la surconsommation et chercher à réduire son empreinte.

 

Vous l’aurez compris, la neutralité carbone n’existe pas sans s’inscrire dans une démarche engagée et ambitieuse. Il ne suffit pas de financer des projets de reforestation pour compenser les émissions émises.

Vous souhaitez réduire votre empreinte carbone ? Pourquoi ne pas privilégier des appareils numériques reconditionnés pour commencer à vous engager sur cette voie ? Nous serons ravis de discuter de votre projet ensemble.

 

Team WeeeDoIT & Emma