Saviez-vous qu’en 2022, le monde a généré un record de 62 millions de tonnes de déchets électroniques, soit une augmentation de 82 % depuis 2010 ? D’ici 2030, ce volume pourrait atteindre 82 millions de tonnes (Global E-waste Monitor 2024, UNITAR & ITU). L’Afrique et l’Amérique Latine, bien que moins productrices que l’Europe ou l’Asie, mais prennent une part grandissante. Non seulement à cause de leur propre croissance numérique, mais aussi, pour l’Afrique notamment, parce qu’elle accueille chaque année des montagnes de matériel usagé venu d’Europe, d’Asie ou d’Amérique du Nord. Résultat : la gestion de la fin de vie des équipements IT devient un véritable jeu de piste… où chaque conteneur cache son lot de surprises électroniques.
Derrière ces chiffres, une question brûlante : comment est gérée la fin de vie de tous ces équipements ?
L’ITAD en Afrique et en Amerique Latine (IT Asset Disposition) – ou la gestion de fin de vie des équipements informatiques dans la langue de Molière, un levier clé pour transformer ce défi en opportunité économique, sociale et environnementale.
—
De Lagos à São Paulo, la révolution digitale bat son plein : mobile banking, e-learning, télétravail… Mais cette modernisation accélérée s’accompagne d’un renouvellement rapide des équipements. Les infrastructures de recyclage, elles, peinent à suivre : concentrées dans quelques grandes villes ou quasi inexistantes, elles laissent s’accumuler les DEEE (Déchets d’Équipements Électriques et Électroniques).
Et ce n’est pas tout : chaque année, en Afrique, des conteneurs entiers de vieux ordinateurs, d’imprimantes fatiguées et de téléphones à clapet prennent la mer vers les pays émergents.
Région/Pays | Volume local de DEEE | Volume importé | Taux de recyclage officiel | Particularités / Exemples |
---|---|---|---|---|
Afrique | 2,5 millions t (2024) | ~400k t/an (est.) | 0,7 % | Importation illégale massive, filière informelle dominante |
Ghana | 52k t (2019) | 150k à 215k t/an | Majoritairement informel | Décharge d’Agbogbloshie, trafic international, 10 000 emplois informels |
Nigeria | ~290k t (2022) | 60k à 100k t/an | <2 % | 500 conteneurs/mois importés |
Kenya | 51k t (2022) | ~10k t/an | 1 % | Centre national de gestion des DEEE, initiatives de collecte urbaine |
Brésil | 2 millions t (2019) | Faible | 3 % | 5e producteur mondial, Green Electron, potentiel de 40 000 emplois verts |
Mexique | 1,5 million t (2024) | Faible | 3,5 % | 11,8 kg/hab/an |
Argentine | 450k t (2022) | Faible | 2 % | Développement de filières formelles |
Monde | 62 millions t (2022) | – | 22,3 % | Croissance 5x plus rapide que le recyclage |
(Sources à la fin de l’article)
L’Afrique génère 2,5 millions de tonnes de déchets électroniques par an, avec une croissance rapide due à l’essor du numérique et à l’importation de matériel usagé, souvent sous couvert de dons mais en réalité inutilisable.
Cas du Ghana : au port de Tema, au Ghana, on estime que 215 000 tonnes de DEEE arrivent chaque année. Soit l’équivalent de 40 000 éléphants adultes en matériel informatique (UNITAR & ITU, 2024). Sur place, une partie du matériel est reconditionnée, mais la majorité finit dans des sites de traitement informels. Comme la célèbre décharge d’Agbogbloshie à Accra. Sa production locale n’est que de 52 000 tonnes. La majorité du recyclage est assurée par le secteur informel, exposant les travailleurs à des risques sanitaires majeurs. (source : Global E-waste Monitor 2024, United Nations Institute for Training and Research)
Taux de recyclage : Le continent affiche le taux de recyclage officiel le plus faible au monde (0,7 %), contre 42,8 % en Europe (source : Global E-waste Monitor 2024). Au Ghana, 93 à 97 % des déchets produits localement sont collectés et recyclés, principalement par le secteur informel (UNU, 2019).
Brésil : 2 millions de tonnes de déchets électroniques produits chaque année, ce qui en fait le 5e producteur mondial. Seulement 3 % sont recyclés dans des filières formelle. Le secteur pourrait générer 40 000 emplois et 145 millions de dollars par an si la filière était structurée (source : ONU Environnement, 2021).
Mexique : Génère 1,5 million de tonnes par an, avec un taux de recyclage officiel de 3,5 %. Le pays est classé 10e producteur mondial et affiche une moyenne de 11,8 kg/habitant/an, supérieure à la moyenne mondiale (source : Global E-waste Monitor 2024).
Législation : Les cadres réglementaires sont en évolution, mais restent souvent insuffisants pour encadrer la collecte et le recyclage. Au Mexique, aucun État ne dispose d’usine de recyclage publique, la tâche étant déléguée au secteur privé (source : ONU Environnement, 2021).
Dans de nombreux pays émergents, la collecte et le tri des DEEE sont assurés par un secteur informel, souvent sans protection pour les travailleurs et sans contrôle environnemental. À Agbogbloshie, plus de 10 000 personnes vivent directement ou indirectement du recyclage informel des DEEE (UNU, 2019). Au Nigeria, on estime que 500 conteneurs de DEEE arrivent chaque mois (ONU Environnement, 2021).
Des substances dangereuses comme le plomb, le mercure ou le cadmium peuvent se retrouver dans l’environnement, faute de procédés de recyclage contrôlés. Pour les multinationales ou les grandes entreprises locales, ce contexte de forte informalité s’ajoute à une exigence accrue de traçabilité et de conformité réglementaire.
Une entreprise qui souhaite décommissionner un parc informatique en Afrique ou en Amérique Latine a besoin de solution qui garantisse :
C’est tout l’enjeu d’un ITAD professionnel en local : donner l’assurance qu’aucun disque dur ne tombera entre de mauvaises mains et qu’aucun composant toxique ne sera dispersé dans la nature
Ce qui est un déchet en Europe peut devenir une ressource en Afrique ou en Amérique Latine. Les équipements en fin de vie dans les pays industrialisés sont parfois encore suffisamment performants pour être réparés, reconditionnés et revendus localement. Sur certains marchés émergents, il existe un besoin criant en matériel informatique abordable. Le reconditionnement local permet :
Un ITAD implanté sur place ou via un partenariat local peut reconditionner les appareils près de leur lieu d’utilisation final, créant de l’emploi, transférant des compétences techniques et réduisant l’empreinte logistique. Moins de 20 % des DEEE importés sont réellement remis à neuf ou réutilisés . Les infrastructures de recyclage formel sont encore rares. Résultat : les DEEE venus d’ailleurs alimentent un écosystème hybride, entre économie circulaire et système D, où l’on peut croiser un écran plat des années 2000 recyclé en miroir ou une carte mère transformée en bijou artisanal.
Exporter, transporter, reconditionner : chaque étape est semée d’embûches réglementaires. Les lois évoluent vite (Brésil, Mexique, Argentine), et la Convention de Bâle impose depuis 2025 une déclaration et une autorisation pour toute exportation de déchets électroniques. Mais certains pays exportateurs majeurs, comme les États-Unis, n’ont pas ratifié ce texte. Un partenaire ITAD expérimenté maîtrise ces spécificités locales et internationales, sécurise le transport, garantit la destruction des données et anticipe les évolutions réglementaires.
Les entreprises souhaitant déployer un programme ITAD sur ces territoires font face à plusieurs défis :
Heureusement, en local, des initiatives se multiplient pour structurer la filière : des entreprises locales s’associent à des partenaires ITAD pour former, équiper et sécuriser les opérations de collecte et de traitement. Le Ghana, le Nigeria ou le Kenya mettent en place des réglementations pour mieux contrôler les importations, encourager le recyclage formel et protéger les travailleurs.
Petite anecdote pour commencer, les écrans LCD contiennent de l’indium, un métal aussi rare que précieux (1 g ≈ 2 €). On redoute une pénurie mondiale d’ici 2030 si le recyclage ne progresse pas (Commission Européenne, 2023). En Afrique comme en Amérique Latine, le recyclage informel expose des millions de personnes, dont des femmes et des enfants, à des substances toxiques (plomb, mercure, dioxines), provoquant des troubles graves (source : WHO, 2021). L’incinération et le stockage sauvage polluent sols, eaux et atmosphères, aggravant la crise écologique locale et mondiale (source : Global E-waste Monitor 2024).
Le déploiement d’une filière ITAD solide dans les pays émergents d’Afrique et d’Amérique Latine va bien au-delà de la simple collecte. Il s’agit de :
À l’heure où le numérique façonne la croissance économique, l’ITAD en Afrique et Amérique Latine est le chaînon manquant pour garantir une évolution durable sur l’ensemble du cycle de vie de l’équipement informatique. Ces régions ont l’opportunité de devenir les champions d’une circularité vertueuse où réparation, réutilisation et recyclage créent de la valeur locale. Pour les entreprises internationales, c’est l’occasion de prouver leur engagement RSE, tout en réduisant l’empreinte carbone et en respectant les normes.
L’ITAD évolue rapidement grâce à des initiatives innovantes et des partenariats locaux. Au Ghana, le projet ECOBAND forme les recycleurs informels et fournit des équipements modernes pour dépolluer les sites comme Agbogbloshie. Au Nigeria, E-Terra Technologies propose des centres urbains où entreprises et particuliers déposent leurs vieux appareils, avec destruction certifiée des données.
En Amérique Latine, le programme Green Electron au Brésil a déjà recyclé plus de 50 000 tonnes de DEEE, créant des emplois verts et sensibilisant la population. Au Mexique, Recicla Electrónicos México collecte et reconditionne du matériel pour les écoles et les ONG. Enfin, des entreprises internationales comme Dell ou des ONG telles que Closing the Loop développent des programmes de collecte et de reconditionnement, favorisant la circularité entre Nord et Sud.
Ces initiatives montrent que l’ITAD peut être à la fois une solution écologique, un levier d’emploi local et un outil pour réduire la fracture numérique. L’avenir s’annonce donc plus vert, plus solidaire… et toujours plein d’idées pour donner une seconde vie à nos vieux
En Afrique comme en Amérique Latine, la gestion des équipements informatiques en fin de vie est un défi urgent, mais aussi une formidable opportunité d’innovation sociale et environnementale. L’avenir de l’ITAD en Afrique et Latam, c’est plus de solutions innovantes, plus de collaborations Nord-Sud, et une vraie réduction de la fracture numérique. Chaque ordinateur reconditionné, chaque smartphone recyclé, c’est un pas de plus vers un numérique plus vert et plus juste !
Chez WeeeDoIT, nous croyons fermement qu’accompagner ces marchés émergents, c’est bâtir des chaînes d’approvisionnement responsables et solidaires. Pour toutes les entreprises et organisations qui souhaitent se lancer, c’est une formidable opportunité de concilier croissance économique, réduction de la fracture numérique et protection de la planète.
—
Team WeeeDoIT